Une elfe. Une putain d'elfe. Elle en avait eu de la chance. Si elle avait révélé être une déesse, nul doute qu'il se serait jeté sur elle afin de la battre, l'écraser, la déchiqueter afin de se passer les nerfs. Les elfes néanmoins, lui faisaient ni chaud ni froid. Il ne s'agissait que des êtres mineurs, faibles, sans aucun pouvoir particulier, dont le seul atout était d'être un peuple nombreux. Qu'avaient-ils en plus que les humains ? Fenrir ne l'avait su, il ne s'était surtout jamais vraiment posé la question. En avait-il déjà tuer ? Saignaient-ils comme les dieux ? Il n'en saurait jamais rien maintenant que tous semblaient être devenus de vulgaires humains, comme lui.
Le goût du sang lui manquait. Il se promit d'aller chasser lorsqu'il serait loin de cette ville étouffante et polluée.
Fenrir inspira longuement en soutenant son regard d'un air neutre. Se doutait-elle de quelque chose ? Il lui semblait être bon menteur. Son visage ne laissa pas transparaître sa réflexion. Difficile de nier sa propre nature. Qui d'autre qu'un dieu ou une créature aurait pu vouloir un tel artefact et surtout, être persuadé de son existence manifeste ?
Il croisa les bras. «
Qui me dit qu't'as la moindre idée d'l'endroit où s'trouve le ruban ? Ta nature n'y change rien. » Pas la peine de révéler directement son identité, pourquoi risquer de se dévoiler pour quelqu'un qui pourrait simplement le suivre ou le vendre à un dieu.
Il n'en voulait rien. Imperturbable, il transperçait de son regard clair celui de l'elfe. «
Montre moi la moindre preuve qu'tu saurais où s'trouve Gleipnir, la suite, on verra plus tard. » Il tenait à ce que la conversation reste sous son contrôle. C'était lui qui cherchait des réponses, pas elle. Nul doute qu'il pouvait trouver n'importe qui d'autres pour l'aider, graisser quelques pattes ou glisser une menace. Il vida longuement ses poumons, de toute évidence décidé à attendre une réponse de pieds fermes.
(c) AMIANTE