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Le réveil des dieux

Entendez-vous souffler ce vent norvégien, porteur d'un secret vieux de 3 000 ans ? Il contourne les géantes rocailleuses, défie les forêts de sapins et les eaux troublées, urgé de vous transmettre son témoignage... car aux frontières de Bergen, autrefois préservé dans des glaciers, le livre de La Völva a été ouvert. Les âmes des divinités et autres créatures nordiques prisonnières de ses pages peuvent dorénavant être relâchées sous le ciel, pour répondre à la promesse de l'inéluctable.

Le destin déploie sa main et vous dévoile son jeu, et quand vos yeux constatent votre défaite, vous comprenez enfin la vanité de votre combat.

Intrigue en cours — Le temps est bien choisi pour vous duper : Le destin vous punis d’avoir voulu vous en détourner, entendez-vous son rire moqueur ?... Sachez que jamais il ne vous laissera en paix.
NB — Forum inspiré de la mythologie nordique | divinités et créatures mythiques réincarnées. Nous sommes en automne 2020 ; rps ultérieurs à la date actuelle prohibés, mention "flashback" pour les rps antérieurs.
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Velena Jespersen
Velena Jespersen
Valkyrie
crédits : @Lux
réincarnation de : Hildr. Valkyrie légendaire.
LOCALISATION : Oslo
PROFESSION : Etudiante en Master Etude des conflits et de la Paix
ORBES : 760
misères : 240
Ven 13 Nov - 22:24
Divine Comédie
Ayana et Sven Jespersen avaient eu une vie des plus heureuses. Ils suivaient leurs passions, possédaient de nombreuses richesses et s'étaient toujours aimés. Un vrai coup de foudre, un spectacle de danse où un riche investisseur norvégien avait décidé que la femme qui se produisait devant lui serait sienne. Cela aurait pu être le synopsis d'un film et leurs amis jalousaient leur formidable rencontre. Oui, ils avaient tout pour être heureux. Sauf que, depuis quelques temps, un gros nuage était venue assombrir leur vie : leur fille.

« Tu es certaine qu'elle n'a pas fait une fugue ? »

Sven venait de s'exprimer, serrant nerveusement son journal entre ses doigts légèrement tremblants. Ils étaient tous les deux dans la salle d'attente du commissariat et ils avaient l'impression de faire tâche, au milieu des autres âmes égarés qui attendaient leur tour, venant dénoncer vols, escroquerie ou abus sexuels. Quelques fois, des gens en pleurs sortaient des salles, escortés de policiers, et des individus a l'air incroyablement menaçants leur jetaient des regards mauvais. Ayana arracha d'un geste sec le journal de son mari et lui attrapa le menton.

« J'en suis certaine. Cela ne lui ressemble pas. »

Devant le regard de feu de son épouse, le norvégien se garda bien de révéler le fond de ses pensées. Leur fille avait changé, et il commençait sérieusement à croire cet agaçant Joachim quand il prétendait qu'elle avait intégré une secte. Qu'est-ce qu'ils avaient bien pu rater dans son éducation ? Qu'est-ce qu'ils n'avaient pas vus récemment ? Ne pas savoir l'empêchait de dormir, surtout ces derniers jours. Les cernes qui ornaient ses yeux faisaient écho à ceux de sa femme, qui soupirait lourdement en serrant son sac à main contre elle. Et dire qu'ils avaient espéré ne plus remettre les pieds ici.

« Détends toi chérie. Cet Harald a l'air très bien, je suis certain qu'il nous la retrouvera rapidement. »

Après le fiasco de leur gala (des invités s'étaient quasiment entretués en pensant être empoisonnés, et des criminels avaient essayé de capturer leur fille) ils avaient du coopérer avec les forces de l'ordre. Un des inspecteurs leur avait paru tout à fait brillant et capable et, c'était presque automatiquement, qu'ils avaient décidés de s'adresser à lui pour ce problème ô combien épineux. Enfin, un policier les fit appeler, et ils entrèrent dans une salle composée d'une table d'une sobriété exemplaire, et de chaises tout aussi peu confortables que celles de la salle d'attente. Le couple attendit quelques minutes quand, comme le Messi, le talentueux inspecteur fit son apparition. Tout naturellement, Ayana ouvrit la bouche et joignit les mains, dévoilant l'objet de leur visite avec l'air effaré qui sied si bien à une mère inquiète.

« Monsieur Parker, je vous remercie de nous recevoir. Nous sommes venus déclarer la disparition de notre fille adorée, Velena Jespersen. Il faut que vous nous aidiez ! »

Caleb Odegärd
Caleb Odegärd
Dragon
réincarnation de : Samaël, illustre dragon et commandant d'une grande armée.
LOCALISATION : Bergen
PROFESSION : Tueur à gage
ORBES : 1533
misères : 198
Sam 14 Nov - 20:21
La Divine Comédie
Le hall du commissariat était bondé, à tel point que les policiers présents peinaient à reprendre leur souffle et garder leur calme. Dans ce genre de situation, où la crise rompt tout bon sens chez les citoyens et où la panique étreint les coeurs les plus vaillants, c’est un calme olympien et un pragmatisme certain qui doit s’imposer. Seul Harald, par sa présence, pouvait avoir la prétention de porter une telle assurance. Son regard noir se déposa sur tes parents et il fronça les sourcils. Le dragon avait une mémoire qui ne souffrait aucune faille, alors il était certain qu’il connaissait d’avance les préoccupations de tes géniteurs imposés.

 - Monsieur et Madame Jespersen, je n’oserais pas vous demander quel plaisir me vaut votre visite. J’ai l’intime conviction que l’effroi qui comble votre regard ne pourrait souffrir aucune de ces convenances. 

Après ces maigres paroles, dites dans une nonchalance parfaitement maitrisée, l’inspecteur fit entrer tes parents dans son bureau. Il laisse un soupir de soulagement lui échapper lorsqu’il ferme enfin la porte et se coupe de ce brouhaha incandescent qui hantent les locaux. Il entrouvre les lèvres, passe sa main sur sa cravate qu’il réajuste comme pour se donner le courage nécessaire d’être assez aimable et professionnel.

 - Je suis navré de vous poser la question, mais autant qu’elle tombe d’entrée. A-t-elle pris des affaires ? Téléphone, vêtements qui laisserait supposer une fuite méditative ? 

Toutes les informations étaient cruciales afin de déterminer si tu étais ou non en danger. S’il pouvait avoir l’honneur de t’arracher le coeur, peut-être serait-il plus serein face aux tourments de tes parents. Mais si ta disparition parvenait jusqu’aux oreilles de Caleb, bien différent depuis quelques jours, qui sait ce qui en découlerait ?

- Si vous avez le moindre indice, cela pourrait m’aider et je vous assure que fugue ou non, je retrouverai votre fille. L’attaque lors du gala ne peut pas être mise sous silence et nous pouvons craindre une récidive de quelques criminels qui en voulaient à la vie de votre fille. 

Mais qui voudrait anéantir une demoiselle aussi pleine de bonté et de grâce que toi ? Il mordille l’intérieur de sa jour pour se faire violence et ajoute dans une fausse empathie :  - Ou à son héritage. 

Cette excuse était plus plausible, beaucoup plus logique et réaliste pour le monde des hommes. Il se demandait à présent si l’état de Caleb n’avait rien à voir avec cette disparition soudaine, se serait-il résigner à te tuer et reprendre la direction du chemin qui lui était destiné ?
Velena Jespersen
Velena Jespersen
Valkyrie
crédits : @Lux
réincarnation de : Hildr. Valkyrie légendaire.
LOCALISATION : Oslo
PROFESSION : Etudiante en Master Etude des conflits et de la Paix
ORBES : 760
misères : 240
Sam 14 Nov - 21:13
Divine Comédie
Le professionnalisme de Harald paraissait calmer les Jespersen, qui hochaient doucement la tête en l'écoutant, empli de confiance devant ce respectable membre des forces de l'ordre. La situation était bien plus délicate que ce qu'il imaginait et, après une bataille de regards digne d'un film hollywoodien, c'est Sven qui récolta la dure tâche d'expliquer le déroulé des évènements.

« Velena est partie en road-trip. Elle avait une semaine de vacances et après ce qui lui ait arrivé récemment nous comprenions son besoin de décompresser. Nous avons engagé un guide que nous connaissions bien et ils sont partis pour un long voyage. Ils devaient aller jusqu'à Oslofjord, le longer jusqu'à atteindre la mer et longer les côtes. Je ne connais pas vraiment le tracé exact, nous en avons juste parlé en amont. C'est un voyage qui devait durer plusieurs jours et le but était de passer dans des coins inhabités. Velena nous avais prévenue que le réseau ne passerait plus. Le voyage devait durer une semaine aller-retour. Il y avait plein d'activités prévues. Nous avons eu les dernières nouvelles le deuxième jour.»

Ayana sortit son téléphone et ouvrit la conversation avec Velena, lui montra une photo de l'étudiante au milieu de la nature qui prenait la pose, et lu d'une voix légèrement enrouée les derniers mots de sa fille chérie.

« J'ai pris de belles photos pour vous. On s'approche enfin de terres un peu plus sauvages. Les derniers poteaux électriques sont proches. Je pense que je n'aurais plus de réseau rapidement. Je vais économiser la batterie pour vous prendre d'autres clichés, à dans cinq jours. Bisous. »

Sven se tortilla sur sa chaise, profondément mal à l'aise. Qu'est-ce qui avait pu mal tourner ? Velena avait été des plus conciliante acceptant la présence du guide sans sourciller. Il doutait que ce dernier l'aurait perdu de vue aussi facilement. Les idées de Harald cheminaient dans sa tête et le stress commençait à lui nouer la gorge.

« On attendu aussi longtemps que possible, en se disant qu'il y avait pu avoir un soucis à une étape du parcours. Mais maintenant nous sommes au huitième jour et nous n'avons toujours pas de nouvelles. Ni de notre fille et, tout aussi inquiétant, ni du guide. Et si on se réfère à ce message ils auraient du récupérer du réseau le cinquième jour. Donc quelque chose cloche. »

Ils s'en voulaient désormais d'avoir attendus aussi longtemps. Ils avaient été confiants, pensant à un problème de batterie, une tempête, n'importe quelle explication rationnelle. Huit jours. C'était un chiffre monstrueux. Il pouvait se passer tellement d'évènements dans un laps de temps aussi grand. Les gens prétendaient que si on ne retrouvait pas quelqu'un au bout de 48H alors c'était fichu. Ils avaient attendus 24H avant de déclarer la disparition de la jeune femme mais, si elle avait eu un accident dès le début du parcours... Peut-être était-elle en danger depuis longtemps.

« Je ne crois pas qu'elle ait informée quiconque de son voyage. Elle voulait être tranquille, découvrir le passé de notre beau pays. Avec le guide ils ont élaborés un itinéraire très précis mais nous ne l'avons pas. Peut-être qu'il y en a un chez elle mais nous n'avons pas retrouvé le double des clés. L'agence où nous avons engagé le professionnel pourrait peut-être nous aider également. »

C'était bien là de maigres indices, mais Harald leur avait certifié qu'il en serait capable et ils y croyaient. Il avait l'air très intelligent, et ses remarques avaient été plus que pertinentes. Ayana posa les coudes sur la table et renifla, prenant sa tête entre ses deux mains. Elle se sentait démunie et impuissante.

« Je suis désolée monsieur Parker, c'est là tout ce que nous savons. »

Caleb Odegärd
Caleb Odegärd
Dragon
réincarnation de : Samaël, illustre dragon et commandant d'une grande armée.
LOCALISATION : Bergen
PROFESSION : Tueur à gage
ORBES : 1533
misères : 198
Sam 14 Nov - 22:50
La Divine Comédie
Qu’il était pénible d’arborer un faciès emphatique face à des maux dénués de toute profondeur. Il pouvait certes comprendre les tourments qui assiégeaient les pensées des deux parents étourdis qui lui faisaient face, mais de là à devoir compatir la perte d’une fille aussi disgracieuse qui était morte depuis des jours… Il ravale sa salive, son regard terne se déposa dans celui du père, probablement le plus à même de croire à ses paroles et le plus fragile concernant les émotions. Il était certain que la femme portait les valeurs et dictait les pensées au couple, que si l’on inculquait une idée au mari, bien qu’insidieuse, elle ne pourrait porter de fruit sans le terreau fertile de sa femme.

« - Je ne peux que vous encourager à rester chez vous et attendre patiemment des nouvelles. J’ai conscience que ce que je vous demande s’avère difficile, compte tenu de la situation et de vos liens de filiation avec la présumée disparue. Mais il en va du bon déroulement de l’enquête. Je ne souhaite pas vous alerter davantage… Mais votre discrétion me permettra d’enquêter en toute impunité, et je vous donne ma parole… »

Ce dernier mot lui écorcha les lèvres. Le bel inspecteur, fier dans son costard, offrait sa parole à des mendiants sans réelles convictions. Mais comment pouvait-il ainsi dénigrer les sentiments qui polluaient si aisément l’esprit de ces simplets ? Pourquoi diable son mépris était-il si prononcé face à ces humains ? Peut-être parce que tu étais la source de tous ses doutes et qu’il craignait de voir Caleb flancher à chacun de tes contacts. Tu étais nocive, et l’idée de te laisser pourrir dans un coin de la Norvège était beaucoup plus alléchante qu’il ne l’aurait pensé. Hélas, foutue éthique… Il venait de faire une promesse et il en allait de son devoir de l’honorer dans les plus brefs délais.

« - Pour vous rassurer quant à ma démarche… Je vais prendre contact avec l’agence et obtenir tous les renseignements possibles sur ce guide. » Probablement mot, tué des mains de la Valkyrie. Il ne faisait aucun doute que la jeune créature que tu étais ne pouvait souffrir d’un chaperon aussi dénué d’intérêt… mais de là à inquiéter les humains qui constituaient désormais ta seule famille… Il ne pouvait imaginer que tu sois aussi idiote et dénuée de bon sens. Il dépose ses mains sur le bureau et se redresse, sa chaise racle le sol et sonne le glas de l’entrevue. Hélas, il n’apporta aucun réconfort certain aux parents désoeuvrés, mais il leur avait offert l’espoir et la confiance qu’ils avaient quémandés en franchissant la porte de ce bureau.

« - Je ne souhaite pas perdre davantage de temps et vous prie de bien vouloir excuser mon empressement… » Prononçait-il, tout en se dirigeant vers la porte. Lorsqu’il l’ouvre, le brouhaha emplit la pièce et semble rendre la vie à la salle dont le temps s’était arrêté momentanément. Cette affaire s’annonçait compliquée, et la seule personne qu’il connaisse pour entrer dans un esprit aussi tordu que le tien n’était autre que celui qu’il voulait éloigner de toi. Il désigne la sortie et d’un geste languide tend sa main vers l’homme.

« - Je sais qu’il n’est pas conseillé de promettre qu’un enfant va bien alors qu’il a disparu. Mais j’ai l’intime conviction que vous la retrouverez. Au moindre détail qui vous reviendrait, appelez-moi. N’hésitez pas. »

[…]

« - J’ai besoin de toi. » Annonçait-il de but en blanc au jeune dragon à l’autre bout du fil. Le rire forcé du jeune homme ne laissait aucun doute quant à sa position. Mais lorsqu’Harald prononça ton prénom, l’atmosphère changea. Pourquoi diable devait-il être mêlé à ce qui s’apparentait à une fugue ? Tu étais tout à fait disposée à vivre ta vie loin de ces hommes que tu méprisais… Alors pourquoi diable une boule se logeait dans sa gorge et y exerçait une pression de culpabilité lancinante.

— Tu n’as qu’à appeler ses Dieux. Sifflait-il avant de raccrocher. Malgré l’amertume et le ton acerbe qu’il avait employé, Caleb s’était posté devant le commissariat dès l’aube, les mains dans les poches, le col de sa veste en cuir relevée. Ses prunelles d’un céruléen presque chimérique toisaient le vide avec une fascination qu’on ne pouvait prêter qu’aux fanatiques.
Velena Jespersen
Velena Jespersen
Valkyrie
crédits : @Lux
réincarnation de : Hildr. Valkyrie légendaire.
LOCALISATION : Oslo
PROFESSION : Etudiante en Master Etude des conflits et de la Paix
ORBES : 760
misères : 240
Dim 15 Nov - 18:24
Divine Comédie
Deux dragons, l'un tenu par une éthique professionnelle des plus admirables et l'autre par un élan qui ne comprenait pas, commencèrent à enquêter sur la disparition de Velena Jespersen.

A l'agence, on répondit aimablement aux questions de Harald, lui fournissant des notes on ne peut plus obscures sur le début d'un trajet. En effet, les prévisions du guide s'étaient visiblement arrêté à un refuge à la fin de Oslofjord. Une robuste cabane perdue dans les collines, connue par une poignée de randonneurs aguerris. Il avait ensuite commenté l'itinéraire d'un sobre "chemin à déterminer avec la cliente au fur et à mesure". L'agence de la capitale vantait ses parcours personnalisés, promettant une expérience incroyable. Les guides étaient polyvalents, désireux d'aider les gens et trouvant sans cesse les meilleures activités pour eux. Il était aisé de deviner que Velena avait certainement choisi cette agence parce qu'elle savait que son véritable itinéraire ne serait consigné qu'à la fin.

Chez la valkyrie, les précautions étaient moins évidentes. On sentait que la jeune femme n'était pas du genre à craindre les cambriolages, et qu'elle savait que la seule personne pouvant rentrer dans son appartement était Caleb. Des post-its colorés étaient d'ailleurs collés un peu partout, semblant se moquer d'un éventuel passage du dragon, comme si la métisse avait espéré qu'il finisse par débarquer spontanément. Des "Alors on entre sans permission ?", "Si tu voulais me voir suffisait d'appeler" semblaient se moquer d'un potentiel intrus. Mais, très vite, un papier jaune couvert d'une encre rouge prenait un ton plus sérieux. "Si tu es rentré ici pendant mon absence c'est que quelque chose de grave s'est produit. Je t'autorise à rentrer dans le bureau du coup. Oh et si je suis morte j'aimerai que tu voles ma dépouille et que t'en occupes selon nos mœurs." Un bonhomme qui tirait la langue était dessiné juste à côté, soulignant insolemment l'insouciance de l'étudiante. De toute évidence, Velena était convaincue que tout se passerait bien et ces messages stupides avaient eu le don de la dérider avant son départ. Elle avait même eu l'obligeance de laisser un paquet de gâteaux en évidence sur une table basse. Paquet désormais recouvert d'une fine couche de poussière. Si cette partie de l'appartement était tout à fait présentable, l'état du bureau laissait à désirer. Il n'avait d'ailleurs de bureau que le nom. Une table avait été poussée dans un coin de la pièce pour servir d'endroit fourre-tout, où papiers, couteaux et vêtements trainaient dans un joyeux désordre. Un punching-ball usé occupait la majorité de l'espace et, sous des gants de boxe, une pochette cartonnée intitulée "vacances" semblait attendre que quelqu'un daigne la sortir de là. A l'intérieur, la localisation d'un refuge près de Oslofjord…

« Y'a quelqu'un ? »

La voix était si faible qu'elle mourut avant que les sons se propagent dans les airs et l'homme poussa un immense soupir. Encore une hallucination. Cela faisait six jours qu'il était ici et personne n'avait songé à passer dans le coin, le laissant dans cette situation ô combien risible. Jonas se gratta l'arrière de la tête et passa le pas de la porte, s'asseyant sur un petit banc collé à la façade. Il avait désormais atteint les limites de son territoire. Le norvégien était accroché par le poignet à une lourde chaine en métal, suffisamment longue pour qu'il puisse se déplacer dans la cabane, trop courte pour qu'il espère atteindre autre chose que le pas de la porte. Rien que pour prendre l'air convenablement il se devait de tendre son bras gauche de manière ridicule. Chaque soir, il fixait l'étau d'acier et se demandait s'il aurait la force de se couper la main pour s'échapper. Pour l'instant, il avait encore de quoi boire, mais les provisions venaient à manquer. Il espérait qu'un groupe de voyageurs passerait avant qu'il se décide à choisir entre mourir de faim ou perdre un membre. Mais rien, pas un signe d'une quelconque humanité. A chaque fois que Jonas croyait entendre un bruit, il se précipitait, tremblant, sur le pas de la porte et examinait les environs. Pus, il laissait éclater sa déception éclater en voyant des lièvres fuir. Face à cette nouvelle fausse alerte, il sentit les larmes embuer ses yeux et les laissa couler en reniflant bruyamment. De toute manière, personne ne pouvait le voir. Toutefois, il avait quand même l'impression d'entendre des pas sur le sentier, comme si quelqu'un était en train de monter. Jonas passa la langue sur ses lèvres sèches et attendit, le cœur battant. De toute façon, il n'avait rien à perdre à tenter le coup.

« S'il vous plait venez m'aider ! Je suis coincé ici ! »

Sa voix avait été un peu plus puissante, passant d'un son quasi inaudible au timbre de voix d'un homme mourant. Fronçant les sourcils et se maudissant de tous les noms, l'homme fit un dernier effort.

« JE SUIS ICI. »

Caleb Odegärd
Caleb Odegärd
Dragon
réincarnation de : Samaël, illustre dragon et commandant d'une grande armée.
LOCALISATION : Bergen
PROFESSION : Tueur à gage
ORBES : 1533
misères : 198
Dim 15 Nov - 20:26
La Divine Comédie
Il n’avait jamais foulé les falaises hautaines de son compagnon de fortune, mais son outrecuidance lui offrait à s’y méprendre une image médisante. Caleb arborait sans cesse un sourire sans réelle profondeur, dissimulant sous des rictus et des gestes grandiloquents, la véritable teneur de ses propres sentiments. C’est avec une nonchalance et une aisance surprenante qu’il s’était, à l’énonciation de ta disparition, précipité en ta demeure. Lorsqu’il ouvrit la porte, l’odeur âcre du renfermé le prit à la gorge et il leva les yeux au ciel en signe de mécontentement.

— Putain Vel, t’es pas croyable.  Pestait-il. S’il avait la conviction que tu étais capable de te perdre sciemment pour parvenir à retrouver un semblant d’ordre dans tes idées… Le fait que tu aies pu négliger l’inquiétude et l’affection de tes parents d’emprunts lui indiquait que ton silence n’était pas volontaire. Il s’avance vers la fenêtre et l’ouvre d’un geste ample pour permettre à la pièce de prendre l’air. Ses céruléennes s’arrêtaient un instant sur les différents post-it que tu avais laissé à son attention et il claqua sa langue contre son palais, frustré de voir que tu avais pu prévoir l’une de ses actions.

Il attrape chaque mot et le jette plus loin, te signifiant qu’il les avait vu et t’offrant alors la grâce d’une maigre victoire, comparé à ce qu’il s’apprêtait à gagner. Ses pas le mènent assez rapidement au petit mot qui présupposait une tragédie grotesque accompagné d’un dessin de piètre qualité. Il secoue la tête et se dirige vers le bureau, tout du moins… Ce qui s’y apparentait, si on enlevait tout le désordre…

— Pas étonnant que tu sois perdue, désordonnée comme tu es. Si ton bureau reflète ton esprit, je ne donne pas cher de ta tête. 

Ô que les migraines doivent se faire une joie d’assiéger ton cerveau et d’y faire naître quelques maux bien insidieux. Un maigre sourire arpente la courbe de ses lèvres à cette idée et il attrape le dossier du semblant d’itinéraire. Il sort son téléphone et appelle alors l’inspecteur rapidement tout en soufflant ;

— J’ai un semblant d’itinéraire.  Avaient-ils alors annoncé d’une même voix. Caleb pesta et fronça les sourcils alors qu’Harald retirait une certaine satisfaction d’être ex aequo avec ce maître stratège.

[…]

— Pourquoi te donner tant de mal alors que tu rêves de la voir disparaître, hm ? 

La voix de Caleb tranchait le silence comme une lame affutée trancherait du pain. Son regard d’un bleu à peine voilé par la lueur blafarde de la lune se perdait dans les méandres d’un sentier sans intérêt. Les frondaisons semblaient accompagner leurs pas, alors que l’ainé se défendit :

— Tu t’évertues bien à la fréquenter malgré tout ce qui en découlera, je n’en fais pourtant pas toute une histoire. 

Piqué au vif, Caleb s’arrête et le désigne de son index, s’apprêtant à rétorquer une de ces répliques cinglantes que le sourire d’Harald attendait. Mais la voix tremblotante et assez faible d’une victime avorta toute querelle. Ils se regardèrent légèrement surpris et s’avancèrent précipitamment. Le sourire affable du dragon n’attendit pas plus longtemps pour refaire son apparition alors qu’il secouait la tête et désignait Jonas d’un geste leste de la main.

— Et il manquait plus que ça, plus ça avance plus je me dis qu’elle se fout de moi. 

Harald lève les yeux au ciel et s’avance pour libérer le jeune homme. Muni de tout son professionnalisme il sortit de son sac une bouteille d’eau, le souffle parfaitement maitrisé. Il pouvait voir que la chaleur corporelle du jeune homme n’était pas trop élevée et qu’il lui fallait des soins, mais son état n’était pas critique.

— Buvez tranquillement. 

Le grondement de Caleb ne se fit pas attendre alors qu’il s’approche, attrape la bouteille des lèvres du présumé guide et l’envoie valdinguer plus loin en éructant :

— J’ai pas fait tout ce chemin pour récupérer un chien blessé sur le bord de la route, alors dis-nous où est Velena qu’on en finisse. 

Ignorant royalement le regard courroucé de l’autre dragon, il dévorait littéralement du regard le frêle humain qui lui faisait face, l’écrasant de toute sa présence.
Velena Jespersen
Velena Jespersen
Valkyrie
crédits : @Lux
réincarnation de : Hildr. Valkyrie légendaire.
LOCALISATION : Oslo
PROFESSION : Etudiante en Master Etude des conflits et de la Paix
ORBES : 760
misères : 240
Dim 15 Nov - 20:58
Divine Comédie
Pour une fois, le ciel ne s'était pas joué de lui. Deux hommes se précipitèrent en sa direction, l'un d'eux le délivra de sa chaine. Hagard, Jonas se précipita sur l'eau et l'avala goulument, grimaçant de douleur. Maintenant que l'acier avait déserté son membre, il sentait sa peau se réveiller et le piquer à vif, bien trop irritée d'un tel traitement. Bordel, quel aventure. Le guide se prépara à les remercier, un semblant de sourire reconnaissant se dessin sur son visage. Mais le plus jeune décida de lui arracher brutalement son faible réconfort et il se recroquevilla, craignant à une mauvaise farce. Peut-être qu'ils étaient venus l'achever après tout.

« Vel... Velena ? »

Pendant ses jours de captivité il avait pensé à la jeune femme. Il était persuadé qu'elle avait connue un sort moins heureux que lui. La brutalité de l'inconnu ne parut plus le contrarier et ses épaules s'affaissèrent. Il ne savait pas quels mystérieux ennemis la jeune femme avait provoqué et il espérait ne plus jamais croiser leur chemin. Face à l'aura menaçante de son interlocuteur, sa langue se délia bien vite et il toussota, essayant de s'exprimer le plus clairement possible.

« Nous étions la nuit de notre deuxième jour. Je l'ai emmenée visiter les plus beaux coins et elle paraissait très satisfaite et sereine. Elle me regardait avec une intensité déroutante je me plaisais à imaginer que je devais être son type. Une gentille femme, elle ne s'est jamais plainte, n'a jamais demandé de pause. »

Il poussa un soupir un peu rêveur puis ses lèvres se plissèrent en une grimace amère. Elle devait reposer au fin fond d'un ravin désormais, victime d'une organisation criminelle. Dommage, elle était si jolie.

« Elle est partie se coucher en premier et moi je faisais du feu. J'ai entendu du bruit et quelqu'un m'a brutalement sauté dessus. Une silhouette fine, qui bougeait comme une anguille. Vous savez, j'ai fais un peu de sport de combat dans ma jeunesse donc j'ai tenté de me défendre. Mais... Cette personne c'est comme si elle n'était pas humaine. Elle semblait lire tous mes mouvements à l'avance. Je me sentais lent et maladroit, elle se glissait dans mon dos en permanence, je n'arrivais pas à voir qui c'était, juste une silhouette démoniaque vêtue de noir.»

Il écarta les mèches salies de ses cheveux et leur montra son front, orné d'un très joli hématome. Oui, il avait été des plus humilié ce soir là. Mais le calvaire prenait fin maintenant, du moins il l'espérait de tout son cœur.

« Quand je me suis réveillé le jour s'était levé et la fille, Velena, elle n'était plus là. Mon agresseur a du l'enlever. Ses parents sont blindés vous savez, ça ne m'étonnerait pas. En tout cas moi il m'a laissé en vie et m'a attaché comme ça à la place. Je ne comprends pas vraiment pourquoi. »

Le norvégien bougea lentement le bras gauche et avança de quelques pas, baissant les yeux face aux regards écrasants des deux hommes. Comme c'était bon de pouvoir avancer sur quelques mètres en toute liberté. Bordel, voilà une histoire qu'il raconterait à ses petits enfants.

« En tout cas, nous, nous avions prévus d'aller vers des collines plus à l'Ouest, elle m'a posé beaucoup de questions avant l'attaque. Voilà, c'est tout ce dont je me rappelle. J'aimerai rentrer à Oslo et rentrer voir ma famille désormais messieurs. Je... Je suis coincé ici depuis six jours, je ne me rappelle même plus ce qu'est une douche. »


Caleb Odegärd
Caleb Odegärd
Dragon
réincarnation de : Samaël, illustre dragon et commandant d'une grande armée.
LOCALISATION : Bergen
PROFESSION : Tueur à gage
ORBES : 1533
misères : 198
Dim 15 Nov - 22:06
La Divine Comédie
Ô terrible était la colère de l’inconstant qui ne voyait, au travers de ses propres ténèbres, que le feu et le sang. Caleb peinait à réprimer cette ire qui ne cessait de lui brûler les lèvres alors qu’il subissait les affres d’un récit dont il ne pouvait comprendre l’intérêt. Harald leva une main dans sa direction, tentant de réprimer les ardeurs violentes du dragon et s’intéressant davantage au récit, bien que romancé, de la victime qui lui faisait face. Dans un mouvement de réconfort, l’inspecteur passa sa main dans le dos du jeune homme et l’incita à poursuivre, sous l’oeil consterné et non pas moins courroucé du plus jeune des dragons.

— Une silhouette fine. Hmmm.  Harald se contentait de répéter les quelques indices et Caleb roula des yeux, dépité de voir que l’inspecteur ne feignait pas son intérêt alors que la description dépeignait parfaitement l’aura de la Valkyrie que tu étais.

Harald dévisageait l’ecchymose et offrit un regard lourd de sens à Caleb dont le sourire avait soudainement reprit l’ascendant sur toute autre expression. Il s’appuie lentement contre le mur de la cabane et croise les bras contre son buste, non sans retenir une pointe de sarcasme quand il prononce d’un ton languide :

— Vous avez eu de la chance de vous en tirer à si bon compte.  il plisse les lèvres et, machinalement, ses doigts viennent caresser l’anse de son nez. Ses iris étaient soudainement parsemées de fines paillettes d’amertumes… vite couverte par un semblant d’amusement.

— Je ne pensais pas dire cela un jour, mais je suis d’accord avec mon camarade. 

Caleb tiqua face à l’affiliation. Il n’était pas assez intime avec Harald pour lui permettre une telle proximité, même dans l’illusion d’un monde aussi désuet et dénué de sens que celui de ces Hommes. Il humecte ses lèvres et détourne son regard, ne prêtant qu’une maigre attention à l’état de l’humain qui aspirait l’air avec difficulté et portait le deuil d’une relation qu’il avait fantasmé.

Harald se redresse et sort enfin sa plaque avant de souffler, d’un ton qui ne souffrait aucun manque d’autorité :

— Ne vous en faites pas, je vais de ce pas appeler l’une de mes équipes pour vous escorter. Je ne peux prendre le risque que cet assaillant revienne finir le travail. Quand à miss Jespersen, je.. 

Caleb l’interrompt et d’une voix tonitruante et pleine d’une suprématie que seul le dragon pouvait posséder : — Vive ou morte, je vais la retrouver et lui faire passer l’envie de jouer à la dinette. 

Harald écarquilla les yeux devant l’amertume si soudainement prononcée de son supérieur et fronça les sourcils. Un sourire aurait pu ébranler son éternelle indifférence, mais rien ne profana son visage de marbre. Il attrape son cellulaire et appelle alors, comme promis, une équipe qui se chargerait de toi. Lorsqu’il se retourne pour enfin discuter avec Caleb… Le jeune homme avait disparu.

— Fait chier.  Cinglait-il, perdant momentanément son sang-froid. L’ébène était parti seul à ta recherche, il avait reçu la même information que lui… sauf que lui était enchainé à ses principes et cloué au sol avec cet humain dans l’attente des renforts.

Caleb, lui, se dirigeait déjà sur les sentiers menant vers la colline. Il n’avait pas prit le temps d’examiner cette fichue cabane et ressentait un léger regret. Pourquoi diable le poussais-tu à ce point dans ses retranchements ? Il ne comprenait pas pourquoi son esprit était si brouillé par tes agissements et pourquoi il se laissait corrompre aussi facilement. Il perdait en dextérité et en pragmatisme. Il fallait vraiment qu’il mette un terme à votre relation, qu’elle quelle soit.
Velena Jespersen
Velena Jespersen
Valkyrie
crédits : @Lux
réincarnation de : Hildr. Valkyrie légendaire.
LOCALISATION : Oslo
PROFESSION : Etudiante en Master Etude des conflits et de la Paix
ORBES : 760
misères : 240
Dim 15 Nov - 23:24
Divine Comédie
Qu'il était fougueux et imprévisible ce dragon, fonçant dans les hauteurs herbeuses de la Norvège, là où les anciens hommes avaient foulés la terre et combattu si honorablement. Les explications du guide étaient un peu floues, mais conduisaient tout droit dans des terres de plus en plus sauvages. Le sentier disparaissait progressivement, ne devant qu'un sillage d'herbe aplatie. Au bout de plusieurs heures de marche, et une longue pente ardue, le jeune homme put entendre un hennissement et un homme monté sur un magnifique cheval fit précipitamment demi-tour en l'apercevant et fonça vers un amas lointain de petites habitations. Quelques longues minutes de marche plus tard, le voyageur put apercevoir ce qui ressemblait à un petit village fortifié, une bonne dizaine d'étrangers se tenaient devant les portes, semblant visiblement l'attendre de pied ferme. Un homme aux longs cheveux blancs le héla alors qu'il arrivait.

« Bienvenue homme moderne ! Si tu veux pénétrer dans cette zone dédiée au passé, il te faudra te plier à nos coutumes. »

Un message des plus romanesques, mais dont l'aspect comique était atténué par la présence d'armes contendantes en tout genre, tenues par des jeunes gens à l'air farouches. Visiblement, ces hommes du 21ème siècle essayait de jouer aux vikings. Une rousse aux cheveux particulièrement emmêlés tira sur la manche du doyen et lui chuchota quelques mots à l'oreille. Le vieillard hocha la tête et s'approcha, incroyablement confiant.

« Il te faudra déposer toute arme dans le bac à l'entrée et passer par le portique de sécurité. »

Il désigna un portique recouvert de fausses peaux d'animaux, ce qui brisait le charme de cette pitoyable tentative de reconstitution historique. Mais, malgré le ridicule de la situation, il brûlait dans leurs yeux une étrange lueur. Quelque chose de fervent et d'exalté. La rousse s'approcha à son tour en trainant les pieds, et son regard terne se posa sur Caleb avec un faux désintérêt. Il était évident que tout le monde était très tendu.

« Nous proposons une immersion des plus réalistes dans la vie de nos ancêtres. Il nous reste des couchages pour la nuit vous avez de la chance. De plus, dans une dizaine de minutes vous assisterez au jugement de l'émissaire des Dieux.»

Et un sourire un peu flippant se dessina sur le visage de la femme. Une autre bande franchit les portes, tenant des flambeaux et illuminant la scène autrement que grâce à la douce lumière de la lune. Certains portaient des baskets dernier cri, d'autres avaient des montres, tant d'anachronismes charmants. Seuls les haches et les couteaux avaient l'air assez réaliste pour trancher quiconque leur déplairait.

Caleb Odegärd
Caleb Odegärd
Dragon
réincarnation de : Samaël, illustre dragon et commandant d'une grande armée.
LOCALISATION : Bergen
PROFESSION : Tueur à gage
ORBES : 1533
misères : 198
Mer 18 Nov - 23:34
La Divine Comédie
Son souffle se fait braise et arpente sa gorge en calcinant toute parole lucide qui prétendrait franchir ses lèvres. Ses iris toisent les inconnus et, dérouté, il fronce les sourcils. Son corps s’était raidit, il n’appréciait guère qu’on l’apostrophe ainsi alors qu’il n’avait rien demandé. Le chemin qu’il empruntait semblait être le plus logique dans ton périple, pourtant… Plus cela avançait, plus l’amertume d’un regret régnait sur tout autre sentiment. Pourquoi faisait-il tout cela ? Ne devrait-il pas seulement renoncer et s’affranchir de toute émotion parasite que suscitait ta présence?

« - Je ne suis pas venu pour… » Mais son fiel est avorté par un éclair de lucidité. Alors qu’il s’apprêtait à leur demander de bonne grâce s’il avait vu ta tignasse arpenter les sentiers sinueux de la colline… Son intérêt se porte soudain sur la personne qui lui désignait la boite. Un sourire ironique étire ses lèvres, les décorant d’un sentiment beaucoup plus goguenard qu’il ne l’aurait souhaité. Il observe ce petit manège grotesque.. La rouquine qui semble adresser quelques instructions à l’homme aux cheveux d’argent…

« - Navré, je n’ai pas d’armes. Mais je dois avouer que… » Il s’approche, faisant mine de fouiller ses poches. Il n’était pas courant qu’on demande de déposer les armes devant une foire pareille. Pourquoi les touristes seraient-ils munis de tels artifices si c’était uniquement pour se distraire, alors que les haches semblaient être à la disposition de chacun ?

Il plisse les lèvres, feignant le dépit tout en redressant un regard penaud dans celui de l’ainé. Son sourire ne tarda pas à déformer son expression juvénile en quelque chose de beaucoup plus menaçant.

« - Qu’est-ce qu’un touriste ferait avec des armes, hm ? Vous pouvez me croire, je connais pas mal de choses sur l’époque à laquelle vous vouez un semblant d’intérêt. »

Et son rire écorche ses lèvres, en brûlant l’écorce et ravalant tout sentiment dit « raisonnable ». Il secoue la tête et d’un geste précis vient désigner l’homme de son index, gardant une distance respectable… Il ne devait pas trop s’en approcher, l’ire qu’il contenait… Cette frustration malsaine qu’il couvait depuis des jours, menaçait d’exploser et il se demandait si son esprit ne lui jouait pas des tours… Glanant chaque indice suspect qui pourrait l’inciter à croire que tout ceci n’était qu’une comédie grotesque.

« - Toi la rouquine. » La désignant du menton. « - Va chercher Velena, ou peu importe le nom qu’elle vous a donné. Je veux qu’elle vienne tout de suite. Comment appelez vous cela déjà ? »

Il serre les mâchoires, son nez se retrousse légèrement alors que des petites ridules se formaient sur son front, soulignant un état de réflexion. « - votre responsable ? » Un rire gutturale lui échappe alors qu’il secoue la tête : « - oh non… Votre Jarl » et il lève ses mains pour imiter des guillemets très prononcés avec ses doigts dans un geste léger. À moins que tu ne sois que l’émissaire dont ils ont fait mention. Pourquoi diable ne pouvait-il juste pas jouer le jeu et lâcher prise ? « - Serait plus approprié. Pas question que je rentre là-dedans. »

Même si ses propos paraissaient incohérent, il n’était pas idiot au point de croire que ces Hommes étaient innocents. Pourquoi devait-il laisser des armes et non des effets personnels. Le téléphone aurait été bien plus logique, et la cohérence n’aurait souffert d’aucun anachronisme. Ses iris toisaient les personnes aux silhouettes anonymes. Il commençait à s’impatienter et sa tête comprimait un tas de pensées qu’il peinait à trier et à discerner. Les migraines ponctuaient son quotidien depuis trop longtemps pour qu’il puisse remonter à l’origine de la douleur, et le doute qui l’inondait à l’instant ne fit que renforcer sa nervosité et la colère qui menaçait d’éradiquer toute âme qui vive dans les alentours.

Il ne pouvait comprendre ce noir sentiment qui gagnait son être et infectait toutes ses pensées. Il ne pouvait réprimer cette colère mêlée à la crainte d’être lésé… Et les Dieux lui en soient témoins… jamais il ne céderait à l’attraction d’un lâcher-prise qui lui coûterait plus que la vie. Toute sa vie n’a été qu’un combat acharné, une lutte contre lui-même… Et il n’était pas dupe au point de croire que l’ultime combat de sa vie se finirait dans un coin paumé de Norvège, au milieu d’imbéciles.  
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